« Comment chier dans les bois » : manuel d’élégance scatologique à l’usage du randonneur moderne

Kathleen Meyer n’est pas devenue gourou du caca par hasard. Guide de nature et adepte invétérée du bivouac, elle a constaté, d’un œil mi-rieur mi-désolé, la prolifération inquiétante de petits excréments (et morceaux de papier) jonchant sentiers et sous-bois, à mesure que le outdoor devenait tendance. Elle s’est demandé, très sérieusement : pourquoi personne n’enseigne l’art de chier proprement dans la nature ? Aucun manuel, aucune consigne : juste l’instinct… devenu bien maladroit avec l’urbanisation.

Elle a donc pris la plume, brisé les tabous et publié son ouvrage en 1989 : un guide pour apprendre à gérer, avec respect et méthode, ses propres déchets en pleine nature.

Un manuel qui fait encore date.

Le livre a connu un succès phénoménal aux États-Unis, puis en France et dans le monde, au point d’être surnommé « la bible du randonneur » par les amoureux et amoureuses de la nature .

Le titre de l’ouvrage de Kathleen Meyer, franchement provocateur, cache un plaidoyer écologique.

L’autrice part du principe que la nature n’est pas une poubelle et que le respect du vivant commence par… ne pas souiller le sol d’une trace indélébile. Elle remarque que, par le passé, savoir « chier dehors » était un instinct – aujourd’hui ce n’est plus le cas : il faut réapprendre !

« Vous pouviez autrefois vous abreuver tranquillement dans un ruisseau alpin », écrit-elle, « Aujourd’hui, il vous faut filtrer et purifier sous peine de tomber malade. Pourquoi ? Parce que nous polluons, souvent sans le savoir, notamment par nos besoins naturels ».

Cette démarche est bien plus sérieuse qu’il n’y paraît. Loin d’un délire bobo-écolo, elle invite chacun.e à réfléchir à ses gestes les plus simples : choisir le bon endroit, utiliser le bon outil, enterrer, respecter l’environnement, le paysage…

Et, tout cela, parce qu’il existe objectivement de – très – bonnes raisons :

• En matière de santé publique  : une crotte mal enterrée peut contaminer l’eau des cours d’eau, attirer des animaux ou propager des parasites, surtout si elle est accompagnée de papier ou de produits chimiques.
• Parce qu’il est question de respect de la faune et du paysage  : les déchets humains sont loin d’être anodins, notamment dans les sites sensibles ou très fréquentés.
• Et qu’il s’agit d’honneur et de civilité  : finalement, savoir chier dans les bois, c’est aussi éviter d’offrir à son voisin randonneur le spectacle (ou l’odeur) d’un passage mal maîtrisé. Ce livre invite à l’élégance dans les gestes les plus intimes.

Ne vous y trompez pas : l’ouvrage de Kathleen Meyer est extrêmement documenté, mêlant conseils avisés et anecdotes humoristiques.

On y trouve tout un tas de détails, bin y apprend une foultitude de choses intéressantes :

• des techniques pour bien choisir son lieu  : à quelle distance des points d’eau ou des sentiers se placer, par exemple? Sous quel type de sol ? Tout est passé en revue pour ne pas altérer le fragile équilibre de la forêt ou de la montagne.
• des conseils sur l’art de creuser un trou  : car, oui, il faut de la méthode ! Selon la nature du sol, la météo, la faune… Kathleen Meyer enseigne la posture, la technique du « coup de pelle » et la façon de bien reboucher après son passage.
• des astuces sur la gestion du papier toilette et des produits d’hygiène  : là encore, le livre propose d’adopter des alternatives naturelles ou biodégradables, et conseille de ne JAMAIS laisser traîner de papier sur place. Un détail souvent négligé, mais qui fait toute la différence.
• des informations précieuses sur la prévention des maladies  : la partie filtrage de l’eau et hygiène est très détaillée. Être propre ne s’arrête pas aux mains ; cela passe aussi par la gestion intelligente de l’alimentation en bivouac et de l’eau potable. Comment éviter la diarrhée, la tourista, et autres réjouissances : Kathleen Meyer propose astuces et remèdes, toujours avec une pointe d’ironie.
• un chapitre sur les problématiques au féminin : réaliste et inclusif, l’ouvrage aborde les différents soucis spécifiques au féminin : uriner debout, gérer les menstruations ou la discrétion dans des conditions qui ne sont pas celles d’un boudoir ou d’un point sanitaire équipé. Elle évoque aussi les vêtements et objets utiles pour garder sa dignité en toutes circonstances.

On aurait pu croire qu’un manuel sur « comment chier » serait juste comique. Il est en fait très éducatif !

Le livre revendique clairement une forme d’humour décapant. Ici, c’est la nature qui crée les lois ; dédramatiser, apprendre, s’adapter, se marrer, c’est aussi respecter. Et, plus que de chier dans les bois, c’est finalement d’habiter le paysage le temps d’une pause, en y laissant le moins de traces possible.

Au fil des pages, Kathleen Meyer nous apprend à devenir des randonneurs responsables et des campeurs respectueux, pour qui la nature est un espace à préserver, et non à investir, voire à souiller.

Si vous partez en randonnée, en trek, à l’autre bout du monde ou simplement pour un week-end sous la tente, ce livre est à glisser sans complexe dans votre sac-à-dos. Il vous sauvera la mise… littéralement !

Une fois refermé, « Comment chier dans les bois » laisse un message simple : si chaque promeneur adoptait ces astuces et attitudes, nos montagnes, forêts et rivières resteraient saines pour les générations futures.

Chez PiWee’s room, on a A-DO-RÉ ce livre!

En vrai, c’est un peu notre bible, à nous aussi. Et une référence de notre fondateur, Frédéric Colmain ( https://piweesroom.com/presse/ );

On ne peut que vous inviter à découvrir ce manuel unique, et à devenir, vous aussi, des ambassadrices et ambassadeurs d’une pratique écologique basique et universelle.

Bonne nouvelle ! On apprend que l’ouvrage est réédité et paraîtra le 28 octobre prochain : https://www.fnac.com/a12967174/Kathleen-Meyer-Comment-chier-dans-les-bois

À lire, à offrir, à commenter entre amis lors du prochain bivouac : votre pause-pipi n’aura plus jamais la même dimension!